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Troudair

08 juin 2004
 
Une autre révolution
Le monde était injuste, la société imparfaite, et Jean-Christian en avait plus qu’assez.
C’est pourquoi ce matin de juin, il décida d’appeler Marie-Françoise pour lui faire part de son désarroi et éventuellement trouver des solutions pratiques au mal-être qui le rongeait.
Une heure plus tard, à la terrasse du « Kelmann », pas loin du métro Hôtel de Ville, le cœur était à la révolte, les idées à la rébellion et les demi à la fraise.

- Ecoute, avançait Jean-Christian, je comprends que nous ne pouvons pas culpabiliser pour l’ensemble des injustices de ce monde. Cela rendrait la vie invivable. Mais je ne peux plus contrôler ma sensibilité. Elle s’envole comme un papillon fou et les larmes me montent aux yeux quand je suis le témoin des horreurs que la société est capable d’engendrer. Il faut changer tout ça, prendre en main notre destin et ne plus laisser courir comme un papillon fou la marche insensée du monde.

Marie-Françoise avait le regard pétillant. Entendre ainsi parler son collègue de travail la mettait dans tous ses états, car elle aussi avait ressenti cette désagréable impression de culpabilité à de nombreuses reprises. Au détour d’un trottoir, quand un SDF lui tendait la main et qu’elle n’avait pas le temps de chercher son porte-monnaie, occupée qu’elle était à revisser son tube de rouge à lèvres, la honte l’avait souvent saisie. Alors oui, elle embrassait maintenant avec enthousiasme la proposition de Jean-Christian. Il fallait changer ce monde injuste, rendre la Terre plus belle et tout homme plus heureux. Pourtant, une question ne cessait de l’obséder. Au risque d’avoir l’air con, elle demanda pourtant :

- Oui, mais comment on fait ?
- Je sais pas, répondit Jean-Christian, avant de commander un autre demi.