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Troudair

19 avril 2004
 
décollage
je suis actuellement dans l'avion.
je pourrais écrire quelques mots sur cette sensation, mais vous savez comme sont les gens qui écrivent... incapables de trouver du neuf à l'endroit où ils sont, et toujours à ressasser les mêmes obsessions, légerement maquillées.
alors plutôt que de faire semblant, je vous conseille plutôt de (re)lire ma nouvelle KELLY (dans "Deux Puritaines", la deuxième partie du Triptyque). elle vous en apprendra bien plus que je ne pourrais en inventer maintenant.

extrait :
"Les roues ne touchent plus le sol et je n’ai encore rien entendu.
Le papier plié attend dans la soute à bagages que je le découvre, alors que je n’ai d’yeux que pour l’hôtesse stoïque cramponnée à ses accoudoirs.
Les vibrations de l’appareil font vaciller son chignon sophistiqué.
Elle regarde droit devant elle / Pense aux cieux qu’elle rejoint à nouveau / Pense qu’elle n’est belle qu’à 3000 mètres d’altitude, quand 300 personnes sont figées par l’appréhension et qu’elle affiche le sourire bienveillant de l’ange qui nous accueille dans le hall cotonneux de l’Au-Dessus.
Je ne m’imaginais pas qu’on habillait si mal les anges. Et j’avais toujours cru qu’ils étaient asexués.
L’uniforme de cet ange-là le rend pourtant sexuellement sexué au-delà de toute mesure.
Je pense un moment que les secrets de la naissance, de la survie et de la mort sont noués dans les enchevêtrements de son chignon complexe.
Je le saurai bientôt.
Pendant toute la montée, nous sommes inclinés, forcés mécaniquement à fixer le plafond turquoise et scintillant. Le soleil se déplace dans le fuselage, mange un à un les passagers tremblants / Pompeï stylisée / Et à mes yeux, tous se cristallisent / Et à mes yeux, toute silhouette se carbonise instantanément / Et ne reste plus que moi, car même ébloui, on est là / Car même ébloui / Car même aveuglé par les ténèbres de la cellule / On est là."